Lia pète les plombs

Quel était le projet ?

Dès le début, Sébastien avait le souhait de travailler avec l’intelligence artificielle. Il souhaitait découvrir, en apprendre davantage sur ce nouvel outil et tester les limites de ce que l’on pouvait faire avec. Le but, la quête que l’on avait cernée durant les réunions préliminaires, c'était justement de travailler autour des limites de l’IA, tester ces systèmes dans le cadre d’un numéro et voir à quel point ces outils étaient intéressants pour le théâtre, la dramaturgie, l’humour, etc. Dès le départ, nous voulions que l’IA soit le pilier du projet et l’intégrer en tant qu’acteur de la pièce que nous allions créer.

Pour le texte, de part la carrière de Sébastien et de l’absurde qu’allait découdre de la situation d’avoir une intelligence artificielle comme acteur de la pièce, nous avons tout de suite choisi Bande de bouffons de Jean-Philippe Lehoux. L’idée de l’humour et du jeu de clown/bouffon s’est imposé naturellement, c’était même comme une évidence de prendre ce texte comme inspiration principale. Avant de commencer, l’idée était de faire un numéro autour de la formation de l’IA comme bouffon. En faisant le parallèle entre la formation des modèles d’IA (la manière qu’elles sont conçues) et notre propre formation par un bouffon joué par Sébastien. Au final, cette version du scénario s’est transformé en interview/talk show et la formation a plutôt été le travail que nous avons effectué pendant la semaine.

Qu’avons-nous utilisé et testé ?

Le modèle d’IA que nous avons utilisé est ChatGPT-4. Nous avons choisi ce modèle, car il offrait une interaction vocale native et que ChatGPT offre la possibilité de créer ses propres “persona” d’IA, avec des instructions particulières que l’IA utilise pour modeler ses réponses. Ainsi, nous avons créé Lia, une intelligence artificielle qui a comme rêve de faire disjoncter le système électrique du théâtre. Nous avons volontairement utilisé une version plus ancienne du modèle de ChatGPT que celle proposée par défaut à l’heure actuelle. De cette manière, Lia était moins cohérente vis-à-vis des interactions qu’elle avait avec Sébastien, devenant souvent absurde et offrant une meilleure improvisation pour le numéro. Elle était aussi bien plus malléable pour “interpréter” un personnage que le modèle actuel 4o qui a beaucoup plus “conscience” qu’il est ChatGPT, une intelligence artificielle qui a pour but d’aider dans n’importe quelle tache, et agit en tant que telle.

Pour l’aspect technique, nous avons utilisé Châtaigne pour contrôler notre système de lumière en fonction de l’intensité sonore de la salle et OBS pour le mapping des deux éléments graphiques du show sur le canapé. Le système électrique avait été volontairement ajusté pour que la puissance nécessaire pour allumer toutes nos lumières au maximum soit plus importante que la puissance maximale que pouvait desservir le système et donc ainsi faire le faire disjoncter au moment voulu.

Quelles difficultés rencontrées ?

Avec un peu de recul, je réalise que nous avons rencontré relativement peu de difficultés, surtout compte tenu du cadre d’une résidence de création d’une semaine. Je pense que cela tient au fait que nous avons délibérément choisi de garder une certaine simplicité dans les éléments de notre numéro. Ce choix nous a permis de rester en adéquation avec les contraintes de la résidence et la taille réduite de notre groupe, tout en conservant l’essentiel de ce que nous souhaitions explorer. En centrant le numéro sur le jeu d’acteur de Sébastien et son improvisation avec Lia, nous avons pu garder le cap sur l’essentiel, sans nous disperser. Nous avons bien sûr rencontré quelques imprévus, notamment liés à l’usage du mode vocal de ChatGPT, qui ne comprenait pas toujours nos instructions. Cela dit, ces difficultés sont restées mineures, car nous avons su les utiliser en s’y adaptant et en les intégrant au numéro.

Conclusion

En résumé, je pense que l’on peut dire que la résidence fut un grand succès ! Nous avons exploré les limites techniques et dramaturgiques d’un modèle d’intelligence artificielle tout en créant un numéro totalement inédit, drôle, absurde et intéressant.

L’IA, enfin... Lia, dans toute son imprévisibilité, nous a permis de mettre en scène un numéro entièrement original, autant pour l’interprétation du comédien que pour la technique de scène. C’était tip top !